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Méditerranée

Le projet méditerranée d’Economie Sociale et Solidaire « AlterMed »

Contexte du projet

D’une rive à l’autre de la Méditerranée, le chômage des jeunes et des femmes est un sujet de préoccupation majeure pour les pouvoirs publics et pour les citoyens. Selon l’OIT, l’Afrique du Nord est la région où le chômage est le plus élevé au monde. En 2017, le taux de chômage des femmes est estimé à 11,7% au Maroc, 19,1% en Algérie, et 21% en Tunisie alors que celui des jeunes est estimé à 21 % au Maroc, 29% en Algérie et a près de 35% en Tunisie. Face à l’ampleur de la problématique du chômage et du sous-emploi, l’Organisation des Nations Unies a inscrit comme Objectif du Développement Durable, le développement inclusif et soutenable au niveau de l’objectif 8, « promouvoir une croissance économique soutenue, partagée et durable, le plein emploi productif et un travail décent pour tous ». Cet objectif concerne à la fois les pays du Nord et du Sud pour les inciter à libérer le potentiel de création d’entreprises notamment plus sociales, plus durables et plus solidaires.

Présentation du projet

Le projet « Entreprendre autrement, partager pour réussir ! L’entrepreneuriat collectif en Méditerranée », s’inscrit dans cette perspective et souhaite repenser l’entrepreneuriat, la création d’emploi et l’innovation sociale afin de sécuriser les projets entrepreneuriaux des jeunes. En effet, impulsé par un consortium d’OSC méditerranéennes en partenariat avec des acteurs publics, ce projet pilote à dimension euro-méditerranéenne vise la réduction du chômage des jeunes et des femmes et la diminution des inégalités en matière d’accès au travail décent à travers l’Economie Sociale et Solidaire (ESS) et, en particulier, l’entrepreneuriat collectif. Le projet durera trois années (avril 2019 à mars 2022) avec des activités qui se dérouleront principalement au Maroc, en Algérie, en Tunisie. Il se construit autour de trois axes :

  1. Sensibiliser les acteurs locaux à la culture coopérative et aux initiatives innovantes en matière d’entrepreneuriat collectif sur les territoires
  2. Accompagner localement la création et le développement d’entreprises partagées
  3. Renforcer l’ancrage de l’entrepreneuriat collectif sur les territoires par des actions de plaidoyer et de mise en réseau des acteurs

 

L’entrepreneuriat collectif est une approche innovante du travail qui a de multiples objectifs : sécuriser l’activité professionnelle des entrepreneurs, accompagner les jeunes dans le développement de leur projet, reconstruire du collectif autour de trajectoires individualisées, permettre aux entrepreneurs de bénéficier d’une couverture sociale et également émanciper les travailleurs en leur laissant une autonomie importante et une indépendance totale. Cette démarche se concrétise sous la forme de Coopérative d’Activités et d’Emplois, aussi appelé « entreprises partagées » dans lesquels les jeunes sont accompagnés dans le déploiement de leurs activités.

Les principales activités du projet

  • Objectif 1 : Sensibiliser les acteurs locaux à la culture coopérative et aux initiatives innovantes en matière d’entrepreneuriat collectif sur les territoires

    Dans le cadre du projet, les stratégies d’intervention s’orientent à la fois vers la sensibilisation des différents acteurs et vers l’appropriation des valeurs et des idées véhiculées par l’ESS. Il s’agira donc d’une part, d’initier à la culture coopérative et de renouer avec les valeurs et les modes de gestions singulières des coopératives et structures de l’ESS. Et d’autre part, de renforcer les structures partenaires du projet pour qu’elles puissent disposer des outils et moyens nécessaires pour diffuser les grands principes de la culture coopérative selon les principes mondiaux de l’Alliance Coopérative Internationale (ACI). Pour ce faire, 14  animateurs seront formés afin d’animer 168 ateliers de sensibilisation à destination des porteurs de projets ainsi que 14 séminaires de sensibilisation à destination des acteurs publics. Ces actions de sensibilisation seront axées sur l’entrepreneuriat collectif et seront adaptées aux besoins spécifiques des territoires et des publics. Les ateliers et séminaires de sensibilisation seront co-animés avec des acteurs universitaires, de l’insertion et de la formation professionnelle afin de diffuser largement l’entrepreneuriat collectif sur les territoires. Ces activités de sensibilisation ont pour ambition d’impacter directement 1 602 acteurs locaux, en Algérie, en Tunisie au Maroc dont 600 porteurs de projets -essentiellement des jeunes entrepreneur.e.s-, 300 acteurs de l’insertion et de la formation et 300 acteurs publics.

  • Objectif 2 : Accompagner localement la création et le développement d’entreprises partagées

    Le renforcement de capacité est au coeur de la démarche du projet. L’accompagnement à la création et au développement d’entreprises partagées est pour l’ensemble des membres du consortium un objectif central. Il s’agit de démontrer, à partir des expériences terrains, qu’il est possible d’accéder à un emploi décent permettant de vivre dignement tout en préservant l’environnement et en créant de la richesse pour et dans les territoires.Si la démarche de création d’entreprises partagées est une innovation encore peu connue au Maghreb, la CES d’El Jadida (Maroc) et la Société Coopérative des Entrepreneurs Solidaire de Ras Jebel (Tunisie), membres du consortium, sont les premières initiatives en la matière. Le projet appuiera les deux entreprises partagées à la fois par le renforcement de leurs activités grâce au recrutement d’un accompagnateur des entrepreneur.e.s sur une durée d’un an mais également au travers d’échanges entre les gérants des entreprises partagées au Maroc et en Tunisie. L’accompagnement et le suivi de leur stratégie de développement étant primordial pour l’essaimage de la démarche, une capitalisation de leurs expériences sera menée afin de produire ingénierie liée aux trois fonctions de l’entreprise partagée (gestion, comptabilité et accompagnement) et de concevoir un guide des dispositifs d’accompagnement, de formation-action et de suivi post-création.Durant cette première phase, deux nouvelles structures seront également créées. La première à Kasserine (Tunisie) et la seconde à Casablanca (Maroc). Ce choix a été opéré à la demande des porteurs de projet qui souhaitent se regrouper pour créer de l’activité dans un cadre collectif. Des études de faisabilité à la mobilisation de partenaires techniques et financiers jusqu’à la création de la structure juridique et le recrutement des gérants et accompagnateurs, l’ensemble des partenaires du projet suivront et soutiendront les étapes de création de ces deux nouvelles entreprises partagées.

  • Objectif 3 : Renforcer l’ancrage de l’entrepreneuriat collectif sur les territoires par des actions de plaidoyer et de mise en réseau des acteurs

    Promouvoir l’entrepreneuriat collectif en Méditerranée est au coeur du projet et des motivations de l’ensemble des partenaires. Les actions de plaidoyer et mise en réseau sont donc indispensables. Le plaidoyer repose sur deux niveaux essentiels pour réussir à renforcer l’entrepreneuriat collectif dans les trois pays : (1) le plaidoyer en faveur du cadre juridique  afin de formaliser un statut juridique aux entreprises partagées et permettre l’ouverture du cadre juridique au droit à l’expérimentation et à la multi-activité et ; (2) le plaidoyer en faveur de la protection sociale en créant des espaces d’échanges sur les enjeux de la protection sociale pour le secteur de l’ESS. Afin de réaliser ces actions, une commission de plaidoyer sera créée avec la tâche principale de préparer les cadres juridiques des entreprises partagées et d’organiser les trois forums nationaux qui se dérouleront dans chacun des pays pour la promotion de l’entrepreneuriat collectif.Dans cet objectif, la mise en réseau constitue également un élément central du projet. L’ambition portée ici est de lancer une dynamique méditerranéenne sous la forme d’un réseau de l’entrepreneuriat collectif, ouvert sur les deux rives, capable de capitaliser sur les différentes expériences. Ce réseau méditerranéen démontrera, à travers les actions de ses membres sur le terrain, qu’il est possible d’ « entreprendre autrement ». Cela se matérialisera par la création d’un forum méditerranéen de l’entrepreneuriat collectif à la fin de la première phase mais également par des visites d’échanges Sud-Sud afin de réfléchir et de s’approprier les « bonnes pratiques » en Economie Sociale et Solidaire.

 

Jeunesse et Innovation Sociale en Méditerranée

Contexte du projet

D’une rive à l’autre de la Méditerranée, le chômage des jeunes est un sujet de préoccupation majeure pour les pouvoirs publics et pour les citoyens. En 2018, il est estimé à 21 % en France, 22% au Maroc et 35% en Tunisie, ce qui fait de l’Afrique du Nord, la région où le chômage est le plus élevé au monde. Face à un secteur privé qui peine à décoller et un secteur public saturé, de nouveaux dispositifs d’accompagnement et de création d’emplois issu de l’Economie Sociale et Solidaire offrent de nouvelles perspectives pour le développement local, une possibilité de redynamiser les territoires, de résorber le chômage et de créer de l’activité tout en offrant des conditions de travail de qualité.

L’objectif principal du projet « Jeunesse et Innovation Sociale en Méditerranée » est de contribuer au développement des initiatives innovantes en matière d’Insertion Socio-Professionnelle des jeunes en Méditerranée. Notre définition de l’innovation sociale est similaire à celle du Conseil supérieur de l’économie sociale et solidaire (CSESS) : « L’innovation sociale consiste à élaborer des réponses nouvelles à des besoins sociaux nouveaux ou mal satisfaits dans les conditions actuelles du marché et des politiques sociales ». En soutenant des entreprises partagées pour répondre au besoin de chômage structurel des jeunes, nous contribuons à développer une innovation sociale dans les domaines de l’insertion professionnelle et de l’Economie Sociale et Solidaire (voir définition d’une coopérative d’activité et d’emploi ou entreprise partagée sur le projet AlterMed).

Au Maroc, en 2016, a été créée la première entreprise partagée d’Afrique à El Jadida (Casablanca-Settat) sous le nom de Coopérative des Entrepreneurs Solidaires (CES). Elle a été fondée par Saïd Ramli, ancien contrôleur de gestion de la plus grande CAE de France Coopaname, et Elisabeth Bost, fondatrice de démarche des CAE en France. Dans cadre du projet « Jeunes Talents » co-piloté par l’IMF avec l’association tunisienne Création et Créativité pour l’Embauche et le Développement (CCDE), une nouvelle entreprise partagée est née à Ras Jebel (Bizerte). Dans le cadre du projet « Entreprendre autrement, partager pour réussir ! L’entrepreneuriat collectif en Méditerranée » (2019-2022), co-porté par l’IMF, ces deux structures seront soutenues dans leur développement et deux nouvelles entreprises partagées seront créées sur les territoires de Casablanca et de Kasserine.

Les activités du projet

  • Activité 1 – Les mobilités étudiantes

    Dans le cadre du projet, 14 étudiants se déplaceront en Méditerranée afin de réaliser 6 diagnostics territoriaux. Ces stages seront intégrés dans leurs dispositifs de formation et seront suivis, à la fois par un tuteur de stage dans leurs pays, mais également par le référent « mobilité internationale » de la structure accueillante. Ces stages seront réalisés en groupe de deux étudiants et auront pour objectif d’expérimenter les outils que constituent le diagnostic, le projet, l’évaluation et la participation des usagers dans des situations concrètes.

    Du côté des organisations de la société civile, ces études permettront de renforcer leur fonctionnement et leur gouvernance, de mieux analyser les partenariats locaux, nationaux et internationaux qu’ils peuvent développer et de perfectionner leurs dispositifs de participation et d’accompagnement des jeunes au sein des leurs coopératives.

    Du coté des étudiants, ces études leur donneront l’opportunité de s’ouvrir sur une culture différente, de renforcer leurs compétences en matière de conduite de projets avec la population, de développer l’action partenariale à travers la mise en œuvre concrète d’activités de terrain (diagnostic de situation, co-construction de savoirs, négociation, élaboration collective d’une action, mise en œuvre), d’expérimenter le travail en équipe.

    • Activité 1.1 – Réalisation d’une mobilité de stage de deux étudiants de l’INTES et de deux étudiants de l’IMF au Maroc
    • Activité 1.2 – Réalisation d’une mobilité de stage de deux étudiants de l’INAS et de deux étudiants de l’IMF en Tunisie
    • Activité 1.3 – Réalisation d’une mobilité de stage de deux étudiants de l’INAS et de deux étudiants de l’INTES en France
    • Activité 1.4 – Réalisation d’une étude en ingénierie sociale sur la démarche des entreprises partagées en Méditerranée.

 

  • Activité 2 – La Recherche – Action

    Le travail de recherche action se basera largement sur l’analyse des diagnostics territoriaux mais également sur l’étude en ingénierie sociale. A ces études s’additionneront des missions terrain de recherche sur les territoires. Dans un objectif de réciprocité, valeur-cœur de ce projet, trois chercheurs de chacun des EFTS contribueront dans cette recherche-action avec les étudiants. Néanmoins, il reviendra à l’IMF et à son laboratoire de recherche LIRISS, de coordonner cette recherche action de manière concertée et collective, en collaboration avec les étudiants des trois Instituts.

    En parallèle des études étudiantes, quatre missions de terrain seront prévues afin de permettre au chercheur de l’IMF d’enquêter avec une méthode scientifique, de conduire cette recherche avec ses homologues marocain et tunisien et d’approfondir certains éléments non couverts par le travail des étudiants. Cela lui permettra également de comprendre les enjeux du terrain dans un contexte social et culturel différent et de mieux appréhender, en se rendant sur place, les réalités des entreprises partagées.

    Il s’appliquera ensuite à compiler l’ensemble des données afin de les analyser sous le prisme des questionnements et hypothèses énoncés préalablement. Les résultats de l’étude seront disponibles gratuitement sur les plateformes numériques et au moins un article scientifique sera publié afin de valoriser le travail des étudiants et la recherche-action. L’article s’intéressera autant aux résultats de l’étude qu’à la méthode concertée et pluri-acteurs employée pour la réaliser.

    • Activité 2.1 – Concertation sur les thématiques de la Recherche-Action
    • Activité 2.2 – Réalisation de réunions d’informations et de sensibilisation avec les étudiants, les chercheurs et les acteurs de l’entrepreneuriat collectif
    • Activité 2.3 – Elaboration et publication de la recherche-action
    • Activité 2.4 – Réalisation d’un séminaire de restitution

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