Lors d’un récent séjour en Angleterre, notre stagiaire Manuela a immortalisé un moment symbolique devant Big Ben, à Londres. Ce cliché, au-delà du plaisir du voyage, rend hommage à un épisode clé de la construction européenne : l’adhésion du Danemark, de l’Irlande et du Royaume-Uni aux Communautés européennes le 1er janvier 1973. Il intègrera l’exposition à venir sur les jalons de la construction européenne qui fait partie intégrante du projet EUxFuture.
Cet événement marquait le premier élargissement du projet communautaire lancé en 1957 par le traité de Rome autour des six États fondateurs : la France, l’Allemagne de l’Ouest, l’Italie, la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg ouvrant ainsi une nouvelle page de l’histoire de l’intégration européenne.
Au début des années 1970, après plus d’une décennie de croissance économique soutenue et de consolidation du marché commun, les pays européens non-membres observent avec intérêt la dynamique en marche. Pour le Royaume-Uni, le Danemark et l’Irlande l’entrée dans la CEE représentait un tournant stratégique : s’intégrer à un marché en pleine expansion tout en participant à une construction politique inédite.
L’occasion de revenir sur les motivations de ces 3 pays dans leur adhésion à la Communauté Economique Européenne (CEE).
Le Royaume-Uni : entre hésitations et ambition européenne
L’histoire du Royaume-Uni et de l’Europe est marquée par une relation complexe et heurtée. Après la Seconde Guerre mondiale, le Royaume-Uni choisit d’abord de rester en marge du projet communautaire. Londres privilégie des structures plus souples comme l’Association européenne de libre-échange (AELE), fondée en 1960, qu’elle conçoit comme une alternative à la CEE jugée trop intégrée politiquement.
Mais rapidement, la dynamique économique du marché commun attire l’attention. Les exportations britanniques vers la CEE progressent bien plus rapidement que celles vers les pays de l’AELE. En 1961, le Premier ministre conservateur Harold Macmillan décide donc de demander l’adhésion. Deux fois, en 1963 et en 1967, le général de Gaulle met son veto, craignant que le Royaume-Uni ne soit le « cheval de Troie » des États-Unis au sein de l’Europe.
Ce n’est qu’après le départ de De Gaulle, en 1969, que les négociations reprennent sous le gouvernement travailliste d’Edward Heath, pro-européen convaincu. Le traité d’adhésion est signé en janvier 1972 puis ratifié par le Parlement britannique à travers le European Communities Act, permettant l’entrée officielle du pays dans la CEE le 1er janvier 1973.
Pourtant, la relation britannique à l’Europe restera ambivalente : référendum de 1975 confirmant l’appartenance, opt-out sur certaines politiques (euro, Schengen), puis le Brexit de 2016, qui marquera la sortie définitive du pays en 2020.
L’Irlande : un tournant vers l’ouverture et la modernité
Pour l’Irlande, l’adhésion à la CEE fut un véritable choix de société. Longtemps dépendante économiquement du Royaume-Uni, l’Irlande voyait dans l’Europe une chance d’émancipation En effet, à l’aube des années 1970, le pays reste majoritairement rural et peu industrialisé. Les gouvernements irlandais successifs comprennent que l’intégration européenne peut offrir de nouvelles perspectives : accès à un veste marché économique dynamique, modernisation agricole, et surtout, une ouverture diplomatique qui lui permet de s’affirmer sur la scène internationale.
L’adhésion de l’Irlande est approuvée à une écrasante majorité par 83 % des votants lors du référendum du 10 mai 1972. Ce soutien populaire témoigne d’un véritable espoir de la société irlandaise. Dès son entrée, l’Irlande bénéficie des fonds structurels européens, qui financeront de grands projets d’infrastructures et de développement rural. L’intégration européenne contribuera largement à la transformation du pays : dans les décennies suivantes, l’Irlande deviendra un modèle de croissance, attirant les entreprises internationales et gagnant le surnom de « Tigre celtique ».
Le Danemark : une adhésion pragmatique et nordique
Pour le Danemark, l’adhésion à la CEE s’inscrit également dans une logique économique. Le pays entretient des liens commerciaux étroits avec le Royaume-Uni : en 1970, près de 70 % des exportations danoises dépendent du marché britannique.
Lorsque Londres annonce son intention de rejoindre la CEE, le Danemark choisit de le suivre afin d’éviter un isolement commercial.
Le référendum danois du 2 octobre 1972 voit 63 % de « oui », reflétant une adhésion plus prudente que celle de l’Irlande, mais portée par le pragmatisme économique et le souhait de participer aux décisions européennes.
Depuis son entrée, le Danemark a entretenu une relation équilibrée avec l’Union européenne : partenaire actif mais vigilant quant à la préservation de sa souveraineté.
Comme le Royaume-Uni, il a obtenu plusieurs clauses d’exemption : il ne fait pas partie de la zone euro et a choisi de rester en dehors de certaines coopérations en matière de défense.
Retrouvez prochainement plus de jalons de la construction européenne en photos au travers de notre exposition construite avec les partenaires du projet EUxFuture :
- Asociación Iniciativa Internacional Joven (Malaga, Spain)
- Hidak Ifjusagi Alapitvany / Youth Bridges Budapest (Budapest, Hungary);
- Institut Méditerranéen de Formation Recherche et Intervention Sociale (Marseille, France);
- Associação de Artistas Urbanos e de Transformação Social (Lisbon, Portugal);
- Travelogue Associazione di Promozione Sociale (Marsciano, Italy);

